Thème: DE LA NECESSITE DE REPENSER LE MONDE POUR LA DURABILITE: LE ROLE DE LA RECHERCHE TRANSFORMATIONNELLE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE

Contexte et Justification

En 2012, les chefs d’État et de gouvernement, réunis au siège de l’Organisation des Nations Unies, s’engageaient sur une nouvelle feuille de route pour l’humanité, en adoptant 17 Objectifs de développement durable (ODD) à atteindre à l’horizon 2030..

Ces 17 ODD forment ensemble la boussole que les États de ce monde se sont donnée en 2015 pour tendre vers des modes de vie durables. Ils couvrent de manière indissociable les domaines de la pauvreté, de la faim, de la santé, de l’éducation, de l’égalité entre les sexes, de l’eau, de l’énergie, du travail et d‘une croissance économique soutenable, de l’industrie et de l’innovation, des inégalités, des villes et communautés durables, de la consommation et de production responsables, de la lutte contre les changements climatiques, de la vie aquatique et terrestre, de la paix et la justice et enfin, des partenariats et de la collaboration.

Alors que les Etats se sont engagés à les atteindre dans leur intégralité à l’horizon 2030, la crise mondiale liée au COVID-19 constitue un choc et une épreuve pour toute l’humanité. Elle ébranle les codes, les habitudes, les liens sociaux, l’économie, l’environnement… Dans la riposte mondiale face à cette crise, l’urgence prend le pas sur le long terme. En effet, de l’urgence sanitaire, l’humanité a vite été confrontée à une urgence économique, sociale, politique et environnementale.

Et pourtant, la crise actuelle va au-delà de l’urgence ; elle révèle aussi les limites des différents modèles de pensée et du fonctionnement de toutes les sociétés.

Les limites de la gestion actuelle de la crise de COVID-19 montrent bien que l’humanité ne sera jamais suffisamment outillée pour faire face à ce genre de crise. Le progrès de la médecine reste un impératif pour contenir, voire réduire le fardeau des maladies, notamment les maladies tropicales majeures comme le paludisme, le SIDA, la tuberculose, les maladies non transmissibles, les maladies émergentes et ré-émergences…Au-delà, il faut impérativement repenser nos modes de vie et nos modèles de développement pour qu’ils deviennent plus résilients et plus soutenables. La garantie des biens communs ; l’assurance d’une transition vers un modèle plus solidaire, résilient aux risques climatiques et écologiques, soutenable et protecteur des citoyens ; la protection de la biodiversité, ainsi que des systèmes démocratiques qui associent pleinement la participation de toutes et tous et le respect des droits fondamentaux, sont essentiels pour éviter de nouvelles crises.

 Ces priorités peuvent guider la construction post-crise. Il est urgent de penser et d’agir de façon durable au risque de panser continuellement. La recherche transformationnelle doit rester une priorité ou plutôt devenir véritablement une priorité en ce qui concerne l’Afrique subsaharienne. Cette partie du continent est le théâtre de multiples transitions qui comportent chacune son lot d’incertitudes et dont la combinaison rend tout exercice de prospective difficile :

- Une transition démographique amorcée, même si elle est encore lente avec pour corollaire des besoins en éducation particulièrement importants sur le plan quantitatif parce que la natalité est encore forte même si elle est en baisse dans un grand nombre de pays ;

- Une transition sur le plan économique le paysage économique étant dominé par des systèmes dits rentiers (basés sur l’exploitation massive des ressources naturelles) alors que les économies rentières ne sont ni compétitives, ni durables ;

 - Une transition énergétique et écologique, la raréfaction ou l’épuisement des ressources sous les effets combinés de la surexploitation et du changement climatique montrant de plus en plus les limites des schémas de développement actuels ;

 - Une transition sur le plan social caractérisée par des affrontements entre les différentiations traditionnelles d’ordre et de caste et les différenciations de classe caractéristiques de l’ordre capitaliste, affrontements qui affectent la sphère économique et sociale mais aussi la sphère culturelle dans laquelle se déploient des systèmes de valeurs hérités d’un Africain « original » et d’autres consistant en des apports asiatiques, européens, islamo-arabes, chrétiens et occidentaux ;

- Une transition sur le plan de la gouvernance les États africains aspirant à plus de leadership au plan mondial.

L’Afrique subsaharienne est donc à la croisée des chemins dans un contexte où la capacité de prospective éclairée par la bonne science est plus que jamais déterminante à la co-construction d’une société plus prospère et résiliente.

Le présent colloque international est organisé à l’occasion de la célébration des 70 ans d’existence du Centre Suisse de Recherches Scientifiques en Côte d’Ivoire (CSRS) ; 70 ans de recherche en partenariat pour le développement durable en Côte d’Ivoire et en Afrique subsaharienne. Il s’inscrit également dans le cadre de la célébration des 60 ans de relations bilatérales entre la Côte d’Ivoire et la Suisse. Ce colloque qui se tiendra du 9 au 11 septembre 2021 permettra de rassembler environ 300 chercheurs et praticiens du Nord et du Sud (tous les continents) pour un partage d’expériences sur la contribution de la science à la transformation positive de l’Afrique subsaharienne dans la dynamique de co-construction du monde post-crise.

En marge du colloque, aura lieu la remise du 11è Prix CSRS-Fondation Eremitage pour la recherche en partenariat. D’autres évènements parallèles pourraient être organisés dans la même période au même endroit, en l’occurrence à l’Hôtel Palm Club à Abidjan, Côte d’Ivoire.